En plein chantier de rénovation intérieure, délaissant peu à peu mes vieux oripeaux stylistiques de poésie rimée pour me concentrer sur la cuisine de nouvelles, de scénarios et de poésie anglophone, je brade des vieilleries à ma vente de garage, mon vide-grenier en ligne. Voici donc des quatrains de campagne et autres bafouilles qui prenaient la poussière dans un fichier informatique.
A votre bon coeur, chers lecteurs !
: : :
le risque, je me l’épingle
sur mon t-shirt dégriff’
c’est ma fierté de dingue
mon étoile de shériff !
les matins faméliques ?
d’un revers de la main
je les chasse en musique
en chantant dans mon bain !
: : :
je n’sais que traverser les mers
les métropoles, les continents
je me complais dans l’éphémère
je me révèle dans l’inconstant
pour encore conquérir l’amour
et pour mieux combattre l’ennui
c’est ce qui me fait suer le jour
et me fait transpirer la nuit
: : :
quand je veux faire le compte
des plaisirs à venir
je repens dans la honte
mon désert de désirs !
un d’ces passants qui flanchent
quand la foule s’en prend à lui
qui se mouche dans sa manche
et se douche sous la pluie
: : :
le jour où les cyniques s’ront à court de venin
pour humiler les gros et se moquer des nains
on pourra respirer, vivre à tête reposée
soulagés d’enfin n’être plus exposés
à ces clowns bien tristes aux sourires narquois
ravis de leurs vieilles et vicieuses remarques
j’aimerais tant pouvoir vider leur carquois
de tout ce qui fait bander leurs arcs
: : :
je sors pas d’une grande école
de l’école bizarre ni normale
je sors du ventre de ma mère
et franchement, c’est déjà pas mal
pour une vie vécue en jogging
et en sandales à bon marché
sur la terrasse d’un burger king
dans la queue d’un intermarché
: : :
je sais que tu aimais parler
de ta haine pour bob marley
et de cet homme-ptérodactyle
qui venait te voler des piles
je sais que tu aimais parler
le dos contre le sol carrelé
de la cuisine du magasin
pour dire du mal de ton voisin
: : :
le banquier du secteur “romance”
refuse de r’nouveller mon crédit
je n’sais même pas ce que j’en pense
je sens mon coeur qui s’refroidit
je fume un peu comme al capone
pour faire gangster charismatique
et mes angoisses, je les harponne
comme on si c’était des moby dicks
: : :
j’attends la marée basse
pour ramasser les branches
que l’océan relâche
dans son écume blanche
mais je n’trouve que des os
de baleines et d’humains
dégueulés par les eaux
d’océan assassin !
: : :
j’entends le bruyant bip
d’un camion qui recule
pendant que ce sale type
conteste mes calculs
les factures sur la table...
je sue à grosses gouttes
et ce expert comptable
fait semblant qu’il m’écoute
: : :
le succès attire l’attention
et les mouches coincées dans le miel
se noient en maudissant le nom
de leur idole artificielle
: : :
le terroir mis dans un tiroir
on respecte plus les traditions
avec d’la poussière sur l’miroir
le reflet manque de précision
: : :
Vous trouverez ci-dessous autres balivernes exhumées pour l'occasion de ce marché aux puces poétiqueux.
on a que c’qu’on mérite
je n’fais que ce que j’aime
à l’abri des guérites
de la prison bohême
parce qu’être un vagabond
ça fait toujours rêver
à ça, je réponds “ah bon”
et j’envoie mes cvs
: : :
quand je ne sais pas
que je ne sais plus
que j’ignore jusqu’au nom
de cette paire de culs
je donne ma langue aux chattes
qui n’en demandent pas moins
ces petites ingrates
qui me badaient de loin
vaut mieux tirer des lattes
de sommier que de joints !
âpêrô dînâtôîre
(voila une bonne chose de fête)
- les cure-dents sont dans les saucisses -
je hais chacun de ces convives
je veux jeter mon kir-cassis
à la figure de pierre-yves...
laisser éclater mon caprice
sans lui laisser une chance d’esquive
que son visage se salisse
de taches qui partent pas en lessive
allez, je compte jusqu’à dix
attends un peu, tête d’endive...
- les cure-dents sont dans les saucisses -
- les chips sont dans l’guacamole -
un, deux...”je viens d’une grande école”
il ne faut surtout pas qu’il bouge
trois, quatre, cinq...j’vise son nez rouge
six, sept, huit, neuf...voilà mon alcool qui décolle
dix ! tiens, ç’lui là, tu l’as pas volé !
- les chips sont dans l’guacamolé -
au-d’là du périphérique
je cherche un banc sec pour pouvoir faire la sieste
sans cons d’accoudoirs qui empêchent de s’allonger
l’idée de travailler m’est encore indigeste
j’ai donc prolongé pour l’instant mes congés
je laisse un bon pourboire au hasard très serviable
qui verse souvent d’la chance dans mon coca-citron
ses conseils ne sont certes pas cent pour cent fiables
mais j’préfère mille fois son aide à celle d’un patron
à arpenter le bitume sans se soucier du bout
il paraîtrait que les rues deviennent des routes
c’est pas grave, je continue, moi j’m’en fous
du moment que là-bas, ya d’quoi casser la croûte
s’il le faut, quelquefois, j’asperge mes aisselles
dans le toilette branlant d’un vieux train de banlieue
où j’en profite aussi pour faire ma p’tite vaisselle
ça fait bien mon affaire, à défaut d’un peu mieux
à force de marcher sans une destination
il paraît qu’les trottoirs se transforment en fossés
même que des champs remplacent les tours d’habitations
et que dans cette campagne, tout voeu est exaucé
après tout, pourquoi pas, allons-y peu importe
du moment que là-bas, on peut casser la dalle
et qu’on me laisse venir frapper sur des portes
pour demander asile dans une énième escale
si l’on va tout droit, au-d’là du périphérique
il paraît que la ville se disperse en villages
un peu plus loin, il y aurait même la fameuse amérique
allons-y alors, tant qu’l’amour est du voyage !
vierge ascendant vierge descendant vierge de la constellation vierge des planètes vierges.
(en astrologie chinoise : mon signe c’est le chien.)
je joue tout seul au rummikub
car des gonzesses, j’en ai pas vraiment
pourtant, j’ai le parfum de la pub
qui les attire comme des aimants
alors l’orgasme simultané
ce sera pas pour cette année
ni celle d’après, à tous les coups
j’ai pris l’habitude d’être mou
il paraît qu’il faut que je les chasse
et mes amis m’donnent des leçons
pour une drague classe et efficace :
pas faire dépasser mon caleçon
et me r’coiffer devant la glace
faudrait qu’je danse comme robocop
sur les dancefloors pour les faire rire
mais bon, d’après mon horoscope :
“après l’effort, je dois dormir”
de toute façon, les stroboscopes
des boîtes de nuit me font vomir
il paraît qu’il faut que j’les traque
que ma recherche soit intensive
mais dès que je me sens d’attaque
elles sont toutes sur la défensive
à coups de grimaces ou de claques
qui font bien enfler mes gencives
alors l’orgasme simultané
ce sera pas pour cette année
ni celle d’après, restons sérieux
j’ai serai vierge quand j’serai vieux
et mes copains se foutent de moi
font vraiment tout pour m’isoler
jusqu’au bouquin de karma sutra
qu’ils m’ont offert, pour rigoler
mais on verra bien qui s’foutra
de la gueule de l’autre en dernier
la mort aux trousses
ô étudiants interchangeables
gravant des blagues sur les tables
effacées par des intérimaires
qui font ce qu’on leur dit de faire
ô étudiants interchangeables
qui passent l’aprèm à la b.u.
pour montrer qu’ils en sont capables
cet espoir, moi aussi j’l’ai eu
ô étudiants interchangeables
qui s’en fument une entre deux cours
pour avoir l’air moins misérables
ils parlent de cul mais rêvent d’amour
ô étudiants interchangeables
qui s’invitent à leurs petites fêtes
et en compagnie agréable
partagent un flan à la cafèt’
ô étudiants interchangeables
qui, dociles, font la queue au crous
avec du doute dans leurs cartables
et la règle de la mort aux trousses
: : :
tiens, quand on parle
du loup
de mer
regardez ce cher
monsieur charles
baudelaire, irrité d’avoir raté sa correspondance
il s’assied sur un banc, sort un stylo et pense
“ah si j’avais su, j’aurais pris un vol direct.. attendre, encore, que c’est infect !”