mercredi 18 mai 2011


En Mai, je fais ce qu'il me plaie et continue mon déballage de quatrains orphelins, aphorismes euphoriques et jeux de mots douteux. Oui, comme une exposition de galerie en demi sous-sol, c'est aujourd'hui même le vernissage en ligne de ce gras de poésie qui passe du cock à l'âme.


Voici donc les restes du festin 2010 de poésie sur place à ou emporter dans sa tombe, de poésie post-coïtale, de poésie de sos détresse, de poésie anecdotique, municipale et parfumée à l'aisselle de smicard.


Sinon ici, le train passe au ralenti dans le Mile-End, les sacs plastiques sont coincés dans les arbres, et voyant l'été arriver à grands pas pour l'humanité, je retrousse mon jean pour écrire avec mes pieds.



quatrains-trains quotidiens




les femmes belles, et qui le savent

ont la grâce des glaciers

et devant elles, les hommes bavent

quel spectacle : je m’assieds !


: : :


les secondes sont les croches

de ma portée de nuit

quand je glisse, je m’accroche

à leur ligne de vie


tes mots ne voyagent plus

depuis qu’ils sont rimés

ton navire ne mouille plus

dans mon port périmé


: : :


une fois en dehors du temple

on s’autorise beaucoup

on ne sert plus d’exemples

on s’amuse et on joue !


la prière terminée

le dimanche derrière nous

on se cure bien le nez

on se tripote le trou !


: : :


en regardant fondre le givre

sur le rétro de ma twingo

je m’imagine en train de vivre

dans une cabane à bornéo


file-moi l’adresse du paradis

histoire que je l’google mapise

car, d’après ce qu’on m’aurait dit

il resterait des places assises


: : :


c’est avec mon amour que je te redemande

de cesser de promettre des voyages impossibles

car mon esprit attend, s’impatiente, appréhende

pour finalement crever de l’absence de tangible


quand les mots sont coincés, qui viendra les sortir ?

sûrement pas l’expérience d’une aut’ fausse aventure

il faudrait toujours lire, relire et rerelire

pour l’espoir d’un peut-être, pour de meilleures ratures


: : :


toi qui voulais du mémorable

voilà la vie qui t’en ressert !

deux louches de soupe aux cadavres

et compote de cons pour l'dessert


: : :


je n’oserai jamais dire que les tyrans sont des martyrs

qui souffrent d’un trop ou d’un manque

et qui prient dans les queues des banques

pour qu’on protège leurs tirelires


: : :


tu marchais dans la ville comme si elle t’appartenait

et l’amour, dans tes pas, je le réapprenais

arpentant sur les trottoirs comme si c’était les tiens

bizarre avec les hommes, à l’aise avec les chiens


: : :


en ce soir qui se couche comme une sanction qui tombe

j'viens changer l’eau des fleurs qui fanaient sur ta tombe

je profite de l’occas’ pour prendr' quelques nouvelles

est-ce que les vers de terre t’ont enfin fait tout' belle ?


: : :


quand j’invoque mes ancêtres

ils me renvoient ma solitude

et font la promesse d’un peut-être

que je renie par habitude


: : :


que reste-il à essayer

pour enfin jouir d’être vivant ?

j’étouffe sous mon oreiller

et j’ai peur du jour suivant


la pluie crépite comme le feu

sur les branches des sycamores

sur l’avenue, tous font la queue

jusqu’au monument aux morts


: : :


ma montre toute neuve m'fait l’effet d’un garrot

et cette cravate me serre comme un collier d'pendu

depuis que j’ai mes jambes coincées sous ce bureau

il faut toujours qu'j’ai l’heure, et l’air sérieux en plus!


: : :


la nuit sur le périph’, je m’invente une mission :

je roule les yeux fermés avec les feux éteints

invisible et aveugle, j’attends la collision

qui donnera à ma vie une glorieuse fin


: : :


t’aurais pu faire naufrage

plus proche de chez moi

du genre narbonne-plage

plutôt qu’à étretat !


: : :


mon grand-père revenait de guerre...

tandis qu'ma mère revient des courses :

“t’as pas oublié le dessert ?!”

“ah, oui zut, j’ai zappé la mousse”


: : :


avec ce soleil qui tape fort

sur la porte de mon cerveau

jeune, je crois encore

qu’au final, tout se vaut


: : :


on rêve tous d’être acteurs

pour la thune facile et la baise

on finit toujours spectateurs

le cul vissé sur notre chaise


: : :


toi qui roule ta valise

sur des trottoirs étrangers

je le sais, tu balises

de te faire étrangler


: : :


as-tu dénoncé à la police

quelle est la femme qui te séquestre

as-tu trouvé l’instrumentiste

qui joue faux dans cet orchestre


as-tu raconté à ton psy

ce qui te torture en secret

ces récits sombres de la nuit

que l’imagination recrée


: : :


il faut montrer les morts pour qu’on sache qu’ils existent

et même sentir l’odeur de leur chair qui pourrit

et voir au ralenti leur peau qui dépigmente

et leur bouche grande ouverte, le trou du dernier cri !


: : :


critique de tim burton


ah l’étrange m’indiffère

et le bizarre m’ennuie

je veux de l’ordinaire

c’est là où le vrai vit


: : :


on n’peut compter que sur soi-même

car le public se tait, ou ment

moi seul, je sais bien ce que j’aime

nul besoin d’encouragements !


: : :


je n’en peux plus des mardis soirs

sous l’crachin pourpre de l’automne

je lui ai dit que j’en voulais plus

mais lui bien sûr, il m’en redonne !


: : :


derrière chaque femme heureuse

y’a un jaloux qui pleure

dans le creux de sa creuse

il croit venir son heure


: : :


le plaisir s’vend à l’unité

j’me suis enfin fait une raison

il faut gérer l’absurdité

qui rythme mal nos saisons


si je meurs pas de rire

ce sera donc d’ennui

c’est très facile à dire

mais à faire, c’est une vie !


: : :


car face à la mort

il y a tout à oser

refuser le confort

et les jambes reposées


: : :


ton corps, il avait de la gueule

j’en invoquais éros

(c’est ça que les hommes veulent,

de la tendresse féroce)


: : :


de la famille aux quatre coins du monde

d’la poussière aux quatre coins de ma chambre

je regarde tomber les secondes

à la fenêtre de décembre


: : :


entre les fleurs qui rougissent

au passage de ton corps

et les arbres qui suent

quand près d’eux, tu t’endors


nous vivons sans mystère

rien qui reste entre nous

séduire, ça tu sais faire

ils sont tous à genoux !


: : :


mon coeur trop lourd me fait pencher

du mauvais côté d’la balance

donc dans la rue je marche en biais

je me demande c’que les gens pensent...


à force de marcher tout tordu

je me suis cogné contre un mur

quelqu’un a dit “ce mec sort du

cachot d’un asile, ah ça pour sûr !”


: : :


tous les culs s’ressemb’ plus ou moins

ce sont les visages qui varient

le charme s’y cache dans les coins

il m‘invite pour des safaris


j’ai mis du sang dans ton thermos

quand on était à la kermesse

tu m’faisais penser à kate moss

j’t’aurais trempé dans ma guinness


: : :


dans les soirées du tout-pourri

j’fricote avec le rien-paris

on mange mal mais qu’est ce qu’on rit !

nul n’échappe à nos moqueries


sur des canapés en crottin

je nage entre menu fretin

et requins blancs aux teints pâlots

qui mixent leurs jus avec de l’eau


: : :


ton nez se cogne aux portes closes

doutes-tu donc encore de ton intelligence ?

écoute mieux quand les conseillers causent

pour mieux comprendre les saletés qu'ils pensent


: : :


je te prends à la renverse

et te récupère en miettes

puis te ramasse à la p’tite cuillère

empilée dans mon assiette


après avoir fait ton audit

tu repars en centre-ville

quittant ma piaule maudite

en oubliant tes faux-cils


j’ai le front qui crépite

une migraine s’installe...

j’ai trouvé des pépites

dans une mine normale !


: : :


j’entends son plaisir qui m’appele

et je lui dis “attends, attends !”

j’ai les mains occupées ailleurs

je finis ça et je suis à toi tout de suite


: : :


la poésie, un monologue

qui n’intéresse personne

dans des livres, sur un blog

pour une blague, c'qu'elle est bonne !


je le sais bien, ça sert à rien

mais je le fais quand même

certains doivent trouver ça bien

peut-être que certains aiment !


: : :


je traverse des cités noires

qui se ressemblent toutes

écrivant mon histoire

tout au long de la route


paraît qu’la terre est ronde

mais qu’ma tête est carrée

j’aime venir me marrer

assis au bord du monde


: : :


personne ne sonne la récré

à la fameuse école du rire

mais c’est tout fait exprès

pour pouvoir mieux grandir


la récré ne sonne jamais

à l’école dure de la vie

c’est certes frustrant, mais

c’est pour qu’on sorte ravi


: : :


tu te sers de mon nombril comme cendrier

mais c’est un tel honneur, que toujours je me tais

quand tu prends mes cheveux pour te sécher les mains

je prie pour que tu refasses pareil demain


: : :


comment peux-tu la ramener

quand tout c’que t’as fait

c’est te repoudrer le nez

fumer des clopes dans des cafés


: : :


son visage était plat

une façade sans relief

ses yeux sans éclat

sur la place de kiev


construire des maisons

qui plus tard s’effondreront

ça occupe ses saisons

ça lui donne des leçons


: : :


j’fais des bulles avec mon chouingue

j’fais des bulles dans mon baignoire

et j’évite là où ça swingue

là où ça crapote dans les bars


j’ai collé mon chouingue - homme

dégueu sous le bureau du prof

puis mis ma jupe de pomme-pomme

et pris mon pack de smirnoff


: : :


vous pouvez fêter ces victoires sans moi

c’est pas comme si j’avais joué...

je ne voulais pas marcher au pas

meurtri sous les coups des fouets


: : :


les rayons blancs de lune

réveillent ceux qui dorment

blottis dans les creux des dunes

et en épousent la forme


la lumière du soleil

les agresse au matin

les tirant d’un sommeil

à l’abri des vents marins


: : :


faut que je fasse le tri

que je fasse le ménage

les murmures......ou les cris

les écrans.....ou les pages


: : :


si ton majeur est pointé

vers toutes les caméras

pas le peine de compter

sur les lettres qu’on t’enverras


: : :


je veux pas rentrer chez moi

mais je veux bien rentrer chez toi

dans la chaleur de ton vagin


je ne veux pas du tout bouger

mais je veux bien te faire danser

une de ces tristes valses cajuns


poèmes de seconde main

(décharge municipale)



j’assiste au coucher de sommeil



quand ton corps touche à sa fin

je suis tout seul pour le voir

tout ton visage tient dans ma main

je n’vois que toi dans le miroir


et pour laver les matins mauves

nous arrosons de notre jus

ces murs de marbre qui nous sauvent

de la rengaine de la rue



chanson des cannibales



le lit où nous mangeons

nos corps réciproquement

remuant la maison

de nos secousses d’amants


je t’aime en dilettante

qui fait ça pour l’plaisir

la douleur est tentante

quand tu la sens venir


la chambre qui dévore

ce qui nous reste d’air

la sueur sort des pores

de nos peaux carnassières


je t’aime en bénévole

qui compte pas les heures sup’

je t’aime en pot de colle

qui s’accroche à ta jupe



l'étreinte glorieuse



tu regrettes les sixties

que tu n’as pas vécu

le folk qui s’électrise

et l’échec de l’écu

véritable ère promise

les débuts d’la sécu

nostalgie des sixties

décennie fantasmée

le vietnam qui s’enlise

et l’euphorie de mai

la vie qu’on féminise

le refus des jamais

les élites qui s’élisent

et le vol des pavés

fais-les donc, tes sixties

au lieu de rêvasser !



tu venais souvent puis tu venais parfois puis tu ne vins plus



j’apprends à ne rien dire

pour que tu restes heureuse

surtout savoir partir

quand les silences se creusent


des caressses me reviennent

en mémoire et je pleure

le passé est une chienne

mais jamais en chaleur


en tendresse maladroite

je suis un spécialiste

et j’ai dû tant me battre

pour le haut de ta liste


quand l’amour approximatif

essaie de ressembler à quelque chose

les amants négocient des modifs,

qu’est ce que ça cause, qu’est ce que ça cause !


j’apprends à pas en rajouter

à laissers les choses comme elles sont

dire que d’autres femmes s’en foutaient

de vouloir un homme qui soit bon !


entre une caresse et une claque

je ne sais pas encore, j’hésite

j’aimerais en prendre une de chaque

lors de ma prochaine visite


les avions de retour



même si nous le savions

ça faisait des noeuds au bide

de guetter les avions

de retour de floride


avec ton amour, en plus !

tu es bien trop gentille

de guetter les airbus

de retour des antilles


du hamac au tarmac

il n’y a souvent qu’un pas

et l’on prend tous sa claque

en matant les bélougas


: : :


ah, que j’en veux à paris

qui me vide de mon sens

je veux vivre ma vie

en dehors de la france

j’en oublie de sourire

même à mes bons amis

même aux petis enfants !

ah, je maudis paris

qui me vide de mon sang


: : :


le ciel : un écran

le sol : une table

pour le poussif errant

rêvant de confortable


les doigts sur l’atlas

les pieds sur la terre

les yeux bien en face

des trous de la mer


: : :



tu me fermes le clapet

(silence, on s'tourne)



tu m'enlèves les mots de la bouche

un par un, tu les retires

quand mon corps éreinté se couche

dans notre lit ou l'on transpire


quand nos fantasmes se rencontrent

à la croisée des chemins

à la décroisée des jambes

au mélange de nos mains


tu n’es qu’une chatte de goutière

qui vient me crier la misère

comme un violent violon frémit

quand tombe la moitié de la nuit


tu m’enlèves les mots de la bouche

j’en viens à n'plus savoir quoi dire

quand mon corps transpiré se couche

dans notre vie où l’on s’étire


qu’en faire


que pourrais tu vouloir en faire

de mon amour qui vaut misère

le prendras-tu comme un message

comme l’idée spectaculaire

de traverser seul, à la nage

la mer de tes larmes amères ?

le prendras-tu comme une promesse

comme un “je t’aime” dit à la messe

pris par l’envie d’aimer sans cesse

et d’enjamber jusqu’aux tristesses ?



très peu pour moi


allons, cesse tes soupirs

c’est du vent dans les voiles

de ton bateau-martyr

né sous mauvaise étoile


allez, range ta complainte

c’est une musique de fond

dans la rengaine éreinte

tant elle tourne en rond


allons, jette tes injures

c’est une langue inutile

une autre caricature

et la colère facile


: : :


à la fin de chaque fille

de retour au pays

il ne reste que famille

et quelques vrais amis

pour pleurer un bon coup

pour écrémer sa haine

pour jurer plus jamais

....jusqu’à la prochaine


: : :


les poubelles



les poubelles de l’amour

qui débordent toujours


les célibataires y fouillent

et se frottent les couilles


sur les gris reliquats

d’un ancien “toi et moi”


: : :


l’ordre public



je chantais pour une audience

que j’entendais ronfler

les pneus de l’ambulance

dehors se dégonflaient


il est plus facile de partager

un gâteau, un magot

que des sentiments

tu parles d'un héros!


le mal est fait



tu me manques tellement, parfois ça paralyse

d’un coup, je gamberge, mon cerveau nostalgise

il est dur quitter vite ce cercle vicieux

quajd je revois tes jambes, ta bouche et tes yeux


car tu es magnifique, et ce n’est pas qu’un mot

c’est la simple expérience de la vie avec toi

j’ai appris et compris ce qui est bon et beau

et je tourne en rond avec le souvenir de ton poids


: : :


tous ces gens gentils quittés

pour un louis ou une manon

sont désormais antiquités

pour un bruit ou pour un nom


la merde se pointe jamais seul

j’m’y suis enfin résigné

un masque vissé sur la gueule

je m’improvise en cuisinier


tous ces vieux potes disparus

sans vraiment laisser de traces

j’en cherche d’autres dans les rues

il fallait bien que je m’y fasse


: : :


je suis pas passé loin

de ton appartement

mon doigt sur ta sonnette

a hésité longtemps


finalement, j'ai choisi

de te laisser dormir


en hommage aux années

de notre amour enfant

la période crétacé

de l'histoire des amants


: : :


il y a de la place pour deux

dans mon lit “une place”

il faudra se serrer un peu

il faudra qu’on s’y fasse

c’est petit, mais pas que:

y’a moyen que ça passe

la chaleur est pour ceux

qui rapprochent leurs masses

il y a de la place pour deux

il faut juste qu’on se tasse


: : :


monsieur Giroflin ?

oui, je l’ai bien connu. enfin bon, comme tout le monde quoi...

il souriait tout le temps

pour s’assurer que tout le monde remarque l’amour coincé entre ses dents


: : :


les bourgeois d'l’avenue foch

on ne les entend plus

car la langue dans la poche

et le mouchoir dessus

il se cachent du moche

se protègent de la rue !


: : :


un clown sans maquillage

attend le bus de nuit

il a pour seul bagage

le poids de son ennui


un’ femme sans maquillage

attend le même bus

discrète, le dévisage

le trouve bien, mais sans plus


un bus sans passagers

déboule sur l’avenue

s’arrête et fait rentrer

les deux corps inconnus


: : :



un chauve avec un flingue

se donne un mal de dingue

à faire le dangereux

à jouer celui qui peut


ce chauve perd un temps fou

un tatoo sur le cou

le poing fermé sur le cœur

à vouloir me faire peur!


: : :



viens sécher ma larme à l’œil

dans ma solitude de chien

je te réserve un accueil

de princesse si tu viens

prouvant par portefeuille

que paris m’appartient


je te ferai la totale

le package tout compris

on ira piller les halles

je vais t’offrir paris :

combien pour la capitale ?

votre prix est mon prix !


: : :




un chien vaut mieux que deux tue-le-rat


chapitre 1



dans le froid d’un profond sous-sol

une vieille chienne accouche en hurlant

et poussée dans un ultime élan

de son trou tombe une boule molle


chapitre 2



une chienne aux yeux battus

par les vents de la rue

ou les combats de chiens

ne profitent à personne


des yeux de chien battu

par les mains de la vie

qui, en combat de rue,

jouent en terrain conquis


: : :


le champ de bataille, de nos jours, c’est the place toubib !


: : :


petit grinçe du rail


berger ou bétail, babtou ou rebeu

on écoute tous du rail

dans les trains de banlieue

de retour du travail

c’est un son mélodieux


ciel mon mari



le ciel est malade

et nous pisse dessus

j’annule ma balade

me revoilà déçu


le ciel prend la pose

quand j’le photographie

il rougit, presque rose

gêné d’être ravi


le ciel tire la gueule

les matins de janvier

je vis toujours seul

on n’a rien à m’envier


le ciel fait la grimace

me tire une langue pâle

procédé efficace

pour bien me faire mal


le ciel est énervé

et nous crache au visage

j’en subis la corvée

chaque soirée d’orage


: : :


au beau creux de tes poings

j’ai les deux mains qui cuisent

si tu savais à quel point

tes épaules me séduisent


tu es loin, bien trop loin

errant sur ta terre promise

m’aimes tu encore au moins

dis moi please, baby, please


: : :


rien d’autre que toi



l’infini entrouvert

le bonheur aperçu

sur ta lèvre légère

dans le creux de ton jus


j’ai appris la tendresse

en étudiant ton coeur

je partis sans adresse

je reviens sans la peur


je veux pas qui de quoi

je m’en fous de comment

je ne veux que ton chant

ô, rien d’autre que toi



les dialogues de sourds


- je vois bien que tu as perdu

ce qui te restait de gniak

qu’les souvenirs ne suffisent plus

à maintenir ton rythme cardiaque


- ça devient dur de faire le vide

quand on est plein à craquer

j’ai un ascenceur dans le bide

qui ne veut pas s’arrêter



en malle d’amour



je suis en malle d’amour

faut qu’je vois du pays !

j’ai déjà fait le tour

de ce qu’il y avait ici


je suis en malle d’amour

il faut que je décampe !

mais hélas, plus je cours

plus j’attrape des crampes


car l’amour me fait malle

le voyage, il me l’offre

toujours il me trimballe

dans des soutes et des coffres


car l’amour me fait malle

je subis son ressac

toujours on me trimballe

au fond de son vieux sac



lettres de mon moulin


pendant que tourne lentement

le vieux moulin à aube

les vampires du crépuscule

festoient comme des fauves

sur nos peaux, ne laissant

que des bosses un peu mauves


pendant que tourne lentement

le vieux moulin à bascule

les moustiques de l’étang

m’épargnent de leur amour

faut croire qu’jésus miracule

encore un peu de nos jours


pendant que tourne trop vite

le vieux moulin à paroles

je cherche le signe exit

dans cette cage aux folles

pendant que tourne trop vite

le vieux moulin à prières

j'apprends puis je récite

requiem de l'univers


: : :


je dois pas savoir faire la fête



je dois pas savoir faire la fête

ou alors pas la vraie

celle que font les poètes

n’a pas vraiment d’attrait

ils célèbrent dans leur tête

tout en restant au frais


:::


autant que faire se peut

je vis dans l’blanc des yeux


: : :


campagne du ministère :

alimentation équilibrée

paraîtrait qu'y'a pas d’mystère

chaque jour dans notre bide il faudrait :


cinq fruits et légumes

j’en mange bien plus que ça !

dans les bus de la brume

c’est plein de poireaux froids !


c’est pas pour me vanter

mais j’en bouffe chaque matin

je devrais être en bonne santé

mais c’est pas l’cas, copain !


: : :


photoreporter


serrez vous pour la photo

et dispersez vous quand ça tire

au final, mon p'tit coco

vaut mieux pleurer que d’en rire


: : :


après mon deuxième bol d’huile pour friteuse

j’commencais à avoir des crampes au bide

(+ picotements aux muqueuses, hallucinations morbides)


: : :



dans ton jardin botanique

je ramassais mes fientes

avant qu’elles ne paniquent

tu cueuillais les impatientes

dans

le

jardin


nous regardions les papillons

je ne savais plus quoi dire


en silence, nous laissions

le chaos refroidir




skateur de couloirs, surfeur de baignoire, randonneur des trottoirs



en aventurier des impasses

et voyageur des cul-de-sac

je me suis réservé une place

dans un garage dessous la fac


ce n’est que l’ombre qui s’amuse

à me chasser dans les impasses

elle veut me coincer, elle m’accuse

elle vient me chercher des crasses


elle vient me chercher des noises

elle vient me chercher des poux

elle vient écrire sur l’ardoise

l’heure de nos rendez-vous


: : :


assis ! debout !

couché ! à genoux !


chien de messe, tu bois du vain


chante ! tais-toi !

écoute et tais-toi !


vin de fesse, tu prends des pains


joins les mains ! tends les bras !

confesse toi !


rentre chez toi et prie

viens ici et prie


fond de caisse, tu sues des mains


: : :


martyrisé


ma mère refusait que je laisse pousser mon duvet d’adolescent :

“la moustache, mon p'tit gars, elle va te passer sous le nez”


: : :


tes souvenirs

mets les donc dans un musée

si ça peut t’amuser

mais j’irai pas les voir

elle est con ton histoire

remets ta capuche

remets ton capuchon

réchauffe tes paluches

recouds ton baluchon

une blague de coluche

en guise d’introduction

au voyage des peluches

dans l'europe de l'union


: : :


le mot de la fin :


je vais finir par me faire planter en amérique latine