En Mai, je fais ce qu'il me plaie et continue mon déballage de quatrains orphelins, aphorismes euphoriques et jeux de mots douteux. Oui, comme une exposition de galerie en demi sous-sol, c'est aujourd'hui même le vernissage en ligne de ce gras de poésie qui passe du cock à l'âme.
Voici donc les restes du festin 2010 de poésie sur place à ou emporter dans sa tombe, de poésie post-coïtale, de poésie de sos détresse, de poésie anecdotique, municipale et parfumée à l'aisselle de smicard.
Sinon ici, le train passe au ralenti dans le Mile-End, les sacs plastiques sont coincés dans les arbres, et voyant l'été arriver à grands pas pour l'humanité, je retrousse mon jean pour écrire avec mes pieds.
quatrains-trains quotidiens
les femmes belles, et qui le savent
ont la grâce des glaciers
et devant elles, les hommes bavent
quel spectacle : je m’assieds !
: : :
les secondes sont les croches
de ma portée de nuit
quand je glisse, je m’accroche
à leur ligne de vie
tes mots ne voyagent plus
depuis qu’ils sont rimés
ton navire ne mouille plus
dans mon port périmé
: : :
une fois en dehors du temple
on s’autorise beaucoup
on ne sert plus d’exemples
on s’amuse et on joue !
la prière terminée
le dimanche derrière nous
on se cure bien le nez
on se tripote le trou !
: : :
en regardant fondre le givre
sur le rétro de ma twingo
je m’imagine en train de vivre
dans une cabane à bornéo
file-moi l’adresse du paradis
histoire que je l’google mapise
car, d’après ce qu’on m’aurait dit
il resterait des places assises
: : :
c’est avec mon amour que je te redemande
de cesser de promettre des voyages impossibles
car mon esprit attend, s’impatiente, appréhende
pour finalement crever de l’absence de tangible
quand les mots sont coincés, qui viendra les sortir ?
sûrement pas l’expérience d’une aut’ fausse aventure
il faudrait toujours lire, relire et rerelire
pour l’espoir d’un peut-être, pour de meilleures ratures
: : :
toi qui voulais du mémorable
voilà la vie qui t’en ressert !
deux louches de soupe aux cadavres
et compote de cons pour l'dessert
: : :
je n’oserai jamais dire que les tyrans sont des martyrs
qui souffrent d’un trop ou d’un manque
et qui prient dans les queues des banques
pour qu’on protège leurs tirelires
: : :
tu marchais dans la ville comme si elle t’appartenait
et l’amour, dans tes pas, je le réapprenais
arpentant sur les trottoirs comme si c’était les tiens
bizarre avec les hommes, à l’aise avec les chiens
: : :
en ce soir qui se couche comme une sanction qui tombe
j'viens changer l’eau des fleurs qui fanaient sur ta tombe
je profite de l’occas’ pour prendr' quelques nouvelles
est-ce que les vers de terre t’ont enfin fait tout' belle ?
: : :
quand j’invoque mes ancêtres
ils me renvoient ma solitude
et font la promesse d’un peut-être
que je renie par habitude
: : :
que reste-il à essayer
pour enfin jouir d’être vivant ?
j’étouffe sous mon oreiller
et j’ai peur du jour suivant
la pluie crépite comme le feu
sur les branches des sycamores
sur l’avenue, tous font la queue
jusqu’au monument aux morts
: : :
ma montre toute neuve m'fait l’effet d’un garrot
et cette cravate me serre comme un collier d'pendu
depuis que j’ai mes jambes coincées sous ce bureau
il faut toujours qu'j’ai l’heure, et l’air sérieux en plus!
: : :
la nuit sur le périph’, je m’invente une mission :
je roule les yeux fermés avec les feux éteints
invisible et aveugle, j’attends la collision
qui donnera à ma vie une glorieuse fin
: : :
t’aurais pu faire naufrage
plus proche de chez moi
du genre narbonne-plage
plutôt qu’à étretat !
: : :
mon grand-père revenait de guerre...
tandis qu'ma mère revient des courses :
“t’as pas oublié le dessert ?!”
“ah, oui zut, j’ai zappé la mousse”
: : :
avec ce soleil qui tape fort
sur la porte de mon cerveau
jeune, je crois encore
qu’au final, tout se vaut
: : :
on rêve tous d’être acteurs
pour la thune facile et la baise
on finit toujours spectateurs
le cul vissé sur notre chaise
: : :
toi qui roule ta valise
sur des trottoirs étrangers
je le sais, tu balises
de te faire étrangler
: : :
as-tu dénoncé à la police
quelle est la femme qui te séquestre
as-tu trouvé l’instrumentiste
qui joue faux dans cet orchestre
as-tu raconté à ton psy
ce qui te torture en secret
ces récits sombres de la nuit
que l’imagination recrée
: : :
il faut montrer les morts pour qu’on sache qu’ils existent
et même sentir l’odeur de leur chair qui pourrit
et voir au ralenti leur peau qui dépigmente
et leur bouche grande ouverte, le trou du dernier cri !
: : :
critique de tim burton
ah l’étrange m’indiffère
et le bizarre m’ennuie
je veux de l’ordinaire
c’est là où le vrai vit
: : :
on n’peut compter que sur soi-même
car le public se tait, ou ment
moi seul, je sais bien ce que j’aime
nul besoin d’encouragements !
: : :
je n’en peux plus des mardis soirs
sous l’crachin pourpre de l’automne
je lui ai dit que j’en voulais plus
mais lui bien sûr, il m’en redonne !
: : :
derrière chaque femme heureuse
y’a un jaloux qui pleure
dans le creux de sa creuse
il croit venir son heure
: : :
le plaisir s’vend à l’unité
j’me suis enfin fait une raison
il faut gérer l’absurdité
qui rythme mal nos saisons
si je meurs pas de rire
ce sera donc d’ennui
c’est très facile à dire
mais à faire, c’est une vie !
: : :
car face à la mort
il y a tout à oser
refuser le confort
et les jambes reposées
: : :
ton corps, il avait de la gueule
j’en invoquais éros
(c’est ça que les hommes veulent,
de la tendresse féroce)
: : :
de la famille aux quatre coins du monde
d’la poussière aux quatre coins de ma chambre
je regarde tomber les secondes
à la fenêtre de décembre
: : :
entre les fleurs qui rougissent
au passage de ton corps
et les arbres qui suent
quand près d’eux, tu t’endors
nous vivons sans mystère
rien qui reste entre nous
séduire, ça tu sais faire
ils sont tous à genoux !
: : :
mon coeur trop lourd me fait pencher
du mauvais côté d’la balance
donc dans la rue je marche en biais
je me demande c’que les gens pensent...
à force de marcher tout tordu
je me suis cogné contre un mur
quelqu’un a dit “ce mec sort du
cachot d’un asile, ah ça pour sûr !”
: : :
tous les culs s’ressemb’ plus ou moins
ce sont les visages qui varient
le charme s’y cache dans les coins
il m‘invite pour des safaris
j’ai mis du sang dans ton thermos
quand on était à la kermesse
tu m’faisais penser à kate moss
j’t’aurais trempé dans ma guinness
: : :
dans les soirées du tout-pourri
j’fricote avec le rien-paris
on mange mal mais qu’est ce qu’on rit !
nul n’échappe à nos moqueries
sur des canapés en crottin
je nage entre menu fretin
et requins blancs aux teints pâlots
qui mixent leurs jus avec de l’eau
: : :
ton nez se cogne aux portes closes
doutes-tu donc encore de ton intelligence ?
écoute mieux quand les conseillers causent
pour mieux comprendre les saletés qu'ils pensent
: : :
je te prends à la renverse
et te récupère en miettes
puis te ramasse à la p’tite cuillère
empilée dans mon assiette
après avoir fait ton audit
tu repars en centre-ville
quittant ma piaule maudite
en oubliant tes faux-cils
j’ai le front qui crépite
une migraine s’installe...
j’ai trouvé des pépites
dans une mine normale !
: : :
j’entends son plaisir qui m’appele
et je lui dis “attends, attends !”
j’ai les mains occupées ailleurs
je finis ça et je suis à toi tout de suite
: : :
la poésie, un monologue
qui n’intéresse personne
dans des livres, sur un blog
pour une blague, c'qu'elle est bonne !
je le sais bien, ça sert à rien
mais je le fais quand même
certains doivent trouver ça bien
peut-être que certains aiment !
: : :
je traverse des cités noires
qui se ressemblent toutes
écrivant mon histoire
tout au long de la route
paraît qu’la terre est ronde
mais qu’ma tête est carrée
j’aime venir me marrer
assis au bord du monde
: : :
personne ne sonne la récré
à la fameuse école du rire
mais c’est tout fait exprès
pour pouvoir mieux grandir
la récré ne sonne jamais
à l’école dure de la vie
c’est certes frustrant, mais
c’est pour qu’on sorte ravi
: : :
tu te sers de mon nombril comme cendrier
mais c’est un tel honneur, que toujours je me tais
quand tu prends mes cheveux pour te sécher les mains
je prie pour que tu refasses pareil demain
: : :
comment peux-tu la ramener
quand tout c’que t’as fait
c’est te repoudrer le nez
fumer des clopes dans des cafés
: : :
son visage était plat
une façade sans relief
ses yeux sans éclat
sur la place de kiev
construire des maisons
qui plus tard s’effondreront
ça occupe ses saisons
ça lui donne des leçons
: : :
j’fais des bulles avec mon chouingue
j’fais des bulles dans mon baignoire
et j’évite là où ça swingue
là où ça crapote dans les bars
j’ai collé mon chouingue - homme
dégueu sous le bureau du prof
puis mis ma jupe de pomme-pomme
et pris mon pack de smirnoff
: : :
vous pouvez fêter ces victoires sans moi
c’est pas comme si j’avais joué...
je ne voulais pas marcher au pas
meurtri sous les coups des fouets
: : :
les rayons blancs de lune
réveillent ceux qui dorment
blottis dans les creux des dunes
et en épousent la forme
la lumière du soleil
les agresse au matin
les tirant d’un sommeil
à l’abri des vents marins
: : :
faut que je fasse le tri
que je fasse le ménage
les murmures......ou les cris
les écrans.....ou les pages
: : :
si ton majeur est pointé
vers toutes les caméras
pas le peine de compter
sur les lettres qu’on t’enverras
: : :
je veux pas rentrer chez moi
mais je veux bien rentrer chez toi
dans la chaleur de ton vagin
je ne veux pas du tout bouger
mais je veux bien te faire danser
une de ces tristes valses cajuns
poèmes de seconde main
(décharge municipale)
j’assiste au coucher de sommeil
quand ton corps touche à sa fin
je suis tout seul pour le voir
tout ton visage tient dans ma main
je n’vois que toi dans le miroir
et pour laver les matins mauves
nous arrosons de notre jus
ces murs de marbre qui nous sauvent
de la rengaine de la rue
chanson des cannibales
le lit où nous mangeons
nos corps réciproquement
remuant la maison
de nos secousses d’amants
je t’aime en dilettante
qui fait ça pour l’plaisir
la douleur est tentante
quand tu la sens venir
la chambre qui dévore
ce qui nous reste d’air
la sueur sort des pores
de nos peaux carnassières
je t’aime en bénévole
qui compte pas les heures sup’
je t’aime en pot de colle
qui s’accroche à ta jupe
l'étreinte glorieuse
tu regrettes les sixties
que tu n’as pas vécu
le folk qui s’électrise
et l’échec de l’écu
véritable ère promise
les débuts d’la sécu
nostalgie des sixties
décennie fantasmée
le vietnam qui s’enlise
et l’euphorie de mai
la vie qu’on féminise
le refus des jamais
les élites qui s’élisent
et le vol des pavés
fais-les donc, tes sixties
au lieu de rêvasser !
tu venais souvent puis tu venais parfois puis tu ne vins plus
j’apprends à ne rien dire
pour que tu restes heureuse
surtout savoir partir
quand les silences se creusent
des caressses me reviennent
en mémoire et je pleure
le passé est une chienne
mais jamais en chaleur
en tendresse maladroite
je suis un spécialiste
et j’ai dû tant me battre
pour le haut de ta liste
quand l’amour approximatif
essaie de ressembler à quelque chose
les amants négocient des modifs,
qu’est ce que ça cause, qu’est ce que ça cause !
j’apprends à pas en rajouter
à laissers les choses comme elles sont
dire que d’autres femmes s’en foutaient
de vouloir un homme qui soit bon !
entre une caresse et une claque
je ne sais pas encore, j’hésite
j’aimerais en prendre une de chaque
lors de ma prochaine visite
les avions de retour
même si nous le savions
ça faisait des noeuds au bide
de guetter les avions
de retour de floride
avec ton amour, en plus !
tu es bien trop gentille
de guetter les airbus
de retour des antilles
du hamac au tarmac
il n’y a souvent qu’un pas
et l’on prend tous sa claque
en matant les bélougas
: : :
ah, que j’en veux à paris
qui me vide de mon sens
je veux vivre ma vie
en dehors de la france
j’en oublie de sourire
même à mes bons amis
même aux petis enfants !
ah, je maudis paris
qui me vide de mon sang
: : :
le ciel : un écran
le sol : une table
pour le poussif errant
rêvant de confortable
les doigts sur l’atlas
les pieds sur la terre
les yeux bien en face
des trous de la mer
: : :
tu me fermes le clapet
(silence, on s'tourne)
tu m'enlèves les mots de la bouche
un par un, tu les retires
quand mon corps éreinté se couche
dans notre lit ou l'on transpire
quand nos fantasmes se rencontrent
à la croisée des chemins
à la décroisée des jambes
au mélange de nos mains
tu n’es qu’une chatte de goutière
qui vient me crier la misère
comme un violent violon frémit
quand tombe la moitié de la nuit
tu m’enlèves les mots de la bouche
j’en viens à n'plus savoir quoi dire
quand mon corps transpiré se couche
dans notre vie où l’on s’étire
qu’en faire
que pourrais tu vouloir en faire
de mon amour qui vaut misère
le prendras-tu comme un message
comme l’idée spectaculaire
de traverser seul, à la nage
la mer de tes larmes amères ?
le prendras-tu comme une promesse
comme un “je t’aime” dit à la messe
pris par l’envie d’aimer sans cesse
et d’enjamber jusqu’aux tristesses ?
très peu pour moi
allons, cesse tes soupirs
c’est du vent dans les voiles
de ton bateau-martyr
né sous mauvaise étoile
allez, range ta complainte
c’est une musique de fond
dans la rengaine éreinte
tant elle tourne en rond
allons, jette tes injures
c’est une langue inutile
une autre caricature
et la colère facile
: : :
à la fin de chaque fille
de retour au pays
il ne reste que famille
et quelques vrais amis
pour pleurer un bon coup
pour écrémer sa haine
pour jurer plus jamais
....jusqu’à la prochaine
: : :
les poubelles
les poubelles de l’amour
qui débordent toujours
les célibataires y fouillent
et se frottent les couilles
sur les gris reliquats
d’un ancien “toi et moi”
: : :
l’ordre public
je chantais pour une audience
que j’entendais ronfler
les pneus de l’ambulance
dehors se dégonflaient
il est plus facile de partager
un gâteau, un magot
que des sentiments
tu parles d'un héros!
le mal est fait
tu me manques tellement, parfois ça paralyse
d’un coup, je gamberge, mon cerveau nostalgise
il est dur quitter vite ce cercle vicieux
quajd je revois tes jambes, ta bouche et tes yeux
car tu es magnifique, et ce n’est pas qu’un mot
c’est la simple expérience de la vie avec toi
j’ai appris et compris ce qui est bon et beau
et je tourne en rond avec le souvenir de ton poids
: : :
tous ces gens gentils quittés
pour un louis ou une manon
sont désormais antiquités
pour un bruit ou pour un nom
la merde se pointe jamais seul
j’m’y suis enfin résigné
un masque vissé sur la gueule
je m’improvise en cuisinier
tous ces vieux potes disparus
sans vraiment laisser de traces
j’en cherche d’autres dans les rues
il fallait bien que je m’y fasse
: : :
je suis pas passé loin
de ton appartement
mon doigt sur ta sonnette
a hésité longtemps
finalement, j'ai choisi
de te laisser dormir
en hommage aux années
de notre amour enfant
la période crétacé
de l'histoire des amants
: : :
il y a de la place pour deux
dans mon lit “une place”
il faudra se serrer un peu
il faudra qu’on s’y fasse
c’est petit, mais pas que:
y’a moyen que ça passe
la chaleur est pour ceux
qui rapprochent leurs masses
il y a de la place pour deux
il faut juste qu’on se tasse
: : :
monsieur Giroflin ?
oui, je l’ai bien connu. enfin bon, comme tout le monde quoi...
il souriait tout le temps
pour s’assurer que tout le monde remarque l’amour coincé entre ses dents
: : :
les bourgeois d'l’avenue foch
on ne les entend plus
car la langue dans la poche
et le mouchoir dessus
il se cachent du moche
se protègent de la rue !
: : :
un clown sans maquillage
attend le bus de nuit
il a pour seul bagage
le poids de son ennui
un’ femme sans maquillage
attend le même bus
discrète, le dévisage
le trouve bien, mais sans plus
un bus sans passagers
déboule sur l’avenue
s’arrête et fait rentrer
les deux corps inconnus
: : :
un chauve avec un flingue
se donne un mal de dingue
à faire le dangereux
à jouer celui qui peut
ce chauve perd un temps fou
un tatoo sur le cou
le poing fermé sur le cœur
à vouloir me faire peur!
: : :
viens sécher ma larme à l’œil
dans ma solitude de chien
je te réserve un accueil
de princesse si tu viens
prouvant par portefeuille
que paris m’appartient
je te ferai la totale
le package tout compris
on ira piller les halles
je vais t’offrir paris :
combien pour la capitale ?
votre prix est mon prix !
: : :
un chien vaut mieux que deux tue-le-rat
chapitre 1
dans le froid d’un profond sous-sol
une vieille chienne accouche en hurlant
et poussée dans un ultime élan
de son trou tombe une boule molle
chapitre 2
une chienne aux yeux battus
par les vents de la rue
ou les combats de chiens
ne profitent à personne
des yeux de chien battu
par les mains de la vie
qui, en combat de rue,
jouent en terrain conquis
: : :
le champ de bataille, de nos jours, c’est the place toubib !
: : :
petit grinçe du rail
berger ou bétail, babtou ou rebeu
on écoute tous du rail
dans les trains de banlieue
de retour du travail
c’est un son mélodieux
ciel mon mari
le ciel est malade
et nous pisse dessus
j’annule ma balade
me revoilà déçu
le ciel prend la pose
quand j’le photographie
il rougit, presque rose
gêné d’être ravi
le ciel tire la gueule
les matins de janvier
je vis toujours seul
on n’a rien à m’envier
le ciel fait la grimace
me tire une langue pâle
procédé efficace
pour bien me faire mal
le ciel est énervé
et nous crache au visage
j’en subis la corvée
chaque soirée d’orage
: : :
au beau creux de tes poings
j’ai les deux mains qui cuisent
si tu savais à quel point
tes épaules me séduisent
tu es loin, bien trop loin
errant sur ta terre promise
m’aimes tu encore au moins
dis moi please, baby, please
: : :
rien d’autre que toi
l’infini entrouvert
le bonheur aperçu
sur ta lèvre légère
dans le creux de ton jus
j’ai appris la tendresse
en étudiant ton coeur
je partis sans adresse
je reviens sans la peur
je veux pas qui de quoi
je m’en fous de comment
je ne veux que ton chant
ô, rien d’autre que toi
les dialogues de sourds
- je vois bien que tu as perdu
ce qui te restait de gniak
qu’les souvenirs ne suffisent plus
à maintenir ton rythme cardiaque
- ça devient dur de faire le vide
quand on est plein à craquer
j’ai un ascenceur dans le bide
qui ne veut pas s’arrêter
en malle d’amour
je suis en malle d’amour
faut qu’je vois du pays !
j’ai déjà fait le tour
de ce qu’il y avait ici
je suis en malle d’amour
il faut que je décampe !
mais hélas, plus je cours
plus j’attrape des crampes
car l’amour me fait malle
le voyage, il me l’offre
toujours il me trimballe
dans des soutes et des coffres
car l’amour me fait malle
je subis son ressac
toujours on me trimballe
au fond de son vieux sac
lettres de mon moulin
pendant que tourne lentement
le vieux moulin à aube
les vampires du crépuscule
festoient comme des fauves
sur nos peaux, ne laissant
que des bosses un peu mauves
pendant que tourne lentement
le vieux moulin à bascule
les moustiques de l’étang
m’épargnent de leur amour
faut croire qu’jésus miracule
encore un peu de nos jours
pendant que tourne trop vite
le vieux moulin à paroles
je cherche le signe exit
dans cette cage aux folles
pendant que tourne trop vite
le vieux moulin à prières
j'apprends puis je récite
requiem de l'univers
: : :
je dois pas savoir faire la fête
je dois pas savoir faire la fête
ou alors pas la vraie
celle que font les poètes
n’a pas vraiment d’attrait
ils célèbrent dans leur tête
tout en restant au frais
:::
autant que faire se peut
je vis dans l’blanc des yeux
: : :
campagne du ministère :
alimentation équilibrée
paraîtrait qu'y'a pas d’mystère
chaque jour dans notre bide il faudrait :
cinq fruits et légumes
j’en mange bien plus que ça !
dans les bus de la brume
c’est plein de poireaux froids !
c’est pas pour me vanter
mais j’en bouffe chaque matin
je devrais être en bonne santé
mais c’est pas l’cas, copain !
: : :
photoreporter
serrez vous pour la photo
et dispersez vous quand ça tire
au final, mon p'tit coco
vaut mieux pleurer que d’en rire
: : :
après mon deuxième bol d’huile pour friteuse
j’commencais à avoir des crampes au bide
(+ picotements aux muqueuses, hallucinations morbides)
: : :
dans ton jardin botanique
je ramassais mes fientes
avant qu’elles ne paniquent
tu cueuillais les impatientes
dans
le
jardin
nous regardions les papillons
je ne savais plus quoi dire
en silence, nous laissions
le chaos refroidir
skateur de couloirs, surfeur de baignoire, randonneur des trottoirs
en aventurier des impasses
et voyageur des cul-de-sac
je me suis réservé une place
dans un garage dessous la fac
ce n’est que l’ombre qui s’amuse
à me chasser dans les impasses
elle veut me coincer, elle m’accuse
elle vient me chercher des crasses
elle vient me chercher des noises
elle vient me chercher des poux
elle vient écrire sur l’ardoise
l’heure de nos rendez-vous
: : :
assis ! debout !
couché ! à genoux !
chien de messe, tu bois du vain
chante ! tais-toi !
écoute et tais-toi !
vin de fesse, tu prends des pains
joins les mains ! tends les bras !
confesse toi !
rentre chez toi et prie
viens ici et prie
fond de caisse, tu sues des mains
: : :
martyrisé
ma mère refusait que je laisse pousser mon duvet d’adolescent :
“la moustache, mon p'tit gars, elle va te passer sous le nez”
: : :
tes souvenirs
mets les donc dans un musée
si ça peut t’amuser
mais j’irai pas les voir
elle est con ton histoire
remets ta capuche
remets ton capuchon
réchauffe tes paluches
recouds ton baluchon
une blague de coluche
en guise d’introduction
au voyage des peluches
dans l'europe de l'union
: : :
le mot de la fin :
je vais finir par me faire planter en amérique latine