L’arrivée du Printemps est toujours une bonne excuse pour vider ses fonds de tiroirs et autres chutes de papier. Vous trouverez ci-dessous à boire et à manger, et avec un peu de chance, quelque chose de nutritif.
J’aurais pu me retenir de jeter mes détritus sur le trottoir, certes, mais comme me le disait hier le concierge de l’Alliance Française, « la poésie devrait être toujours être la version non-censurée de nos vies malades ».
Bonne lecture et à la revoyure!
B.
/ / /
je me suis fait les dents dans des quartiers de jeunes
avec le sentiment d’être inarticulé…
y-a-t’il des humains dans ma généréchieune
qui partagent mon dégoût pour la motricité ?
il faut croire que je vis dans un lointain passé
pour tenir en horreur ainsi picole et baise
s’il s’agit de trop boire et de n’pas rire assez
je préfère danser seul et assis sur une chaise
je me suis déconstruit dans des ghettos branchés
là où indifférence alterne avec mépris
mais peut-être que ce sont mes habits qui sont laids
ou mes oreilles fragiles bien trop sensibles au bruit
y-a-t’il des citoyens d’à peu près le même âge
qui partagent mon amour pour les actes manqués
sommes-nous frères, amants, et autres noms d'usage
si tout c’que nous faisons, c’est co-habiter ?
/ / /
sous un talus trempé par une récente averse
un renard amoché vomit un sac plastique
voici donc le pouvoir que la cité exerce
sur la faune au-delà de nos périphériques !
c’est un miracle qu’ils puissent encore exister
avec les dégueulasseries que l’on laisse traîner
des capotes, des mégots, des lames et des seringues
sur les frontières poreuses de notre urbaine jungle
/ / /
1.
quand le bus vient me prendre pour m’emmener plus loin
du point A au point B (ce qui est déjà bien)
le voyage se déroule comme une longue équation
et dont le résultat n’est pas une solution
mais une autre question qui remplace la dernière
les doutes de demain sont les croyances d’hier
2.
quand je faisais du stop, un Holllandais m’a pris
et puis m’a déposé cent kilomètres plus loin
en une heure, je savais déjà tout sur sa vie
un peu trop même, j’aurais préféré moins
le voyage se déroule comme une ligne infinie
et dont la courbe suit le sens que l’on choisit
/ / /
de ceux qu’ont l’euphorie facile
j’aime travailler sur le style
au creux de la foule inexacte
pour pouvoir mieux manquer de tact
j’utilise le mot « puéril »
juste pour voir comment ça sonne
et quand l’stylo devient stérile
je le nettoie et te le donne
/ / /
je mets la sauce dans la salade
tu mets la viande dans la purée
je n’t’apprends rien, ma rénégade :
notre amour laisse à désirer
tes promesses ne me font plus rire
et mes compliments t’indiffèrent
avoue-le toi, ce s’ra moins pire :
notre amour date d’avant-hier
quand j’éclairais à la frontale
tes parois intravaginales
tu gémissais mielleusement :
“y-a-t-il d’la place pour un enfant ?”
“ça m’a tout l’air d’être faisable”
je répondais, intéressé
ça me donnait un air aimable
sans pour autant être aimé
/ / /
ton lit n’est pas de tout repos
quand sur le ventre, ou sur le dos
tu te livres à des expériences
sur mes muscles ou sous ma peau
jusqu’à c’que tout soit comme il faut
quand elles échouent, tu recommences
il te fallait un bon cobaye
et je cherchais une femme d’acier
le défi était donc de taille
il faut croire que l’on s’est bien trouvés
/ / /
la mort aux trousses
ô étudiants interchangeables
gravant des blagues sur les tables
effacées par des intérimaires
qui font ce qu’on leur dit de faire
ô étudiants interchangeables
qui passent l’aprèm à la B.U.
pour montrer qu’ils en sont capables
cet espoir, moi aussi j’l’ai eu
ô étudiants interchangeables
qui s’en fument une entre deux cours
pour avoir l’air moins misérables
ils parlent de cul mais rêvent d’amour
ô étudiants interchangeables
qui s’invitent à leurs petites fêtes
et en compagnie agréable
partagent un flan à la cafèt’
ô étudiants interchangeables
qui, dociles, font la queue au C.R.O.U.S.
avec du doute dans leurs cartables
et la règle de la mort aux trousses
/ / /
dans ton jardin définitif
tu arrachais les mauvaises herbes
tandis que j’arrachais mes tifs
à décider du meilleur verbe
sur ton piano décoratif
on n’entendait que « Frère Jacques »
je voulais que tu joues au pif
mais tu avais toujours le trac
je rêvais sans cesse de tes doigts
le matin, j’en faisais l’inventaire
d’être si proche de ta voix
bien peu alors s’en vantèrent !
/ / /
glacière et pantacourt
un couple dans une résidence
(balcon et parking souterrain)
dessine sur une carte de France
le chemin qu’ils prendront demain
la logistique est délicate :
d’abord, faire garder leur chienne
voir sa famille et puis la sienne
guidés par l’écran de NavSat
son nom pourrait être Sandrine
ou Anne-Laure ou Laetitia
ses cheveux sentent la naphtaline
ses habits sont tous Quechua©
lui c’est un Luc ou un Bertrand
peut-être même qu’c’est un Julien
sa chemise entre gris et blanc
ne va pas bien avec son teint
/ / /
les lois de l’offre et d’la demande
ne s’apppliquent jamais dans mon cas
frustré des doigts, alors je bande
sur le dancefloor de la teuboi
de mes fantasmes d’adolescents
je n’ai gardé qu’une tache sèche
et de mes romances d’étudiant
il ne me reste qu’un chagrin rêche
ce chagrin mou que l’on simule
pour mendier un peu d’attention
et que l’on prend comme des granules
sous la langue en incantation
mais la pitié vient en mangeant
ses mains au petit déjeuner
un matin qu’on croyait réservé
aux tristes ères, aux pauvres gens
/ / /
vierge ascendant vierge descendant vierge
de la constellation vierge des planètes vierges.
(en astrologie chinoise : mon signe c’est le chien.)
je joue tout seul au rummikub
car des gonzesses, j’en ai pas vraiment
(pourtant, j’ai le parfum de la pub
qui les attire comme des aimants)
ah, l’orgasme simultané
ne sera pas pour cette année
(ni celle d’après, à tous les coups)
j’ai pris l’habitude d’être mou
il paraît qu’il faut qu’j’les chasse
et Internet m’donne des leçons :
pour une drague classe et efficace
bien faire dépasser son caleçon
faudrait qu’je danse comme robocop
sur les dancefloors pour les faire rire
mais bon, d’après mon horoscope :
“après l’effort, il faut dormir”
de toute façon, les stroboscopes
des boîtes de nuit me font vomir
il paraît qu’il faut que j’les traque
que ma recherche soit intensive
mais dès que je me sens d’attaque
elles sont toutes sur la défensive
à coups de grimaces ou de claques
qui font bien enfler mes gencives
alors l’orgasme simultané
ce sera pas pour cette année
ni celle d’après, restons sérieux
je serai vierge quand j’serai vieux
et mes copains se foutent de moi
font vraiment tout pour m’isoler
jusqu’au bouquin de Karma Sutra
qu’ils m’ont offert, pour rigoler
mais on verra bien qui s’foutra
de la gueule de l’autre en dernier
/ / /
de chambres en rues, de gares en ports
mon amour : qu’est ce qu’il te prend ?
le changement n’est que dans le décor
je mets ton corps en fond d’écran
j’essuie mon sang avec ta soie
j’essuie ma bouche dans tes cheveux
je sèche ma salive dans tes doigts
tu vois mon amour que je peux !
on se fait du bouche à bouche
pour nous rendre un état d’conscience
ça marche pas, mais tabernouche
ça fait du bien dans tous les sens
/ / /
du vent qui balaye la poussière des déserts
comme l'agent d'entretien des quais du RER
je sens l'étau en laiton du temps qui se resserre
me faisant étouffer bien qu'étant en plein air
j'entends l'écho lointain de ma prochaine torture
sous un ciel laiteux qui sent la moisissure
/ / /
que veux-tu donc de moi ? je n’ai rien à donner
et le peu d’énergie, je le garde pour ma pomme
au royaume des cons, j’vais bientôt détrôner
ce petit bout de rien qui ressemble à un homme
et si tu grattes un peu, tu trouveras l’enfant
que j’ai mis en veilleuse il y a 42 ans
il rie fort, il court vite et il s’en « bat les steaks »
on a du mal à croire que c’est bien le même mec
/ / /
faisant l’effort d’sortir la tête
par l’embrasure de ma fenêtre
croyant en chaque promesse de fête
coincée au fond de chaque peut-être
qui ose me traiter de traître
pendant que j’essayais d’être
où donc vous cachiez-vous ?
dans quelles fosses ? dans quels trous ?
/ / /
dans la contre-allée obscure
nous laissions nos blessures geler
dans la pittoresque posture
de deux gros poissons surgelés
on avait plus rien à se dire
après trois siècles de discussion
nous nous laissions donc refroidir
jusqu’au risque d’hydrocution
/ / /
je me mouchais dans du pecu
tu parles d’un serein réveil
(des mouchoirs, y’en avait plus
t’avais fini la boîte la veille)
tu n’venais plus à mon logis
et séchais toujours mes cours
je dois manquer de pédagogie
pour les sujets de l’amour
je me mouchais dans du pecu
tu parles d’une tristesse de merde
non seulement, j’étais vaincu
fallait en plus que je te perde
je me mouchais dans du pecu
à cause d’une femme fantastique
ouais, çe n’était que ça mon « vécu »
et ça n’avait rien de magique
/ / /
contre l’herbe qui pique et dans l’air trop épais
maudit soient les pics-nics, je me sens gras et laid
dans l’excuse récurrente de tes gromellements
le café est une drogue que mon épicier vend
si le feu ne prend pas, bon alors tu l’inventes
nul ne doit s’arrêter à la première pente
et ta chance, cher ami, réside dans le contour
dans cet habile écart de ton propre parcours
quite à frapper du poing sur la table des matières
t’éloigner de l’haleine des biberonneurs de bière
je me réjouis de voir que cette autre douleur
t’a redonné espoir, et même quelques couleurs
/ / /
pape pie douze
de la vache numéro quatro
on vient lui traire le laid
qu’on boit comme vérité
dans le bol national
/ / /
on lit les journaux
puis on s’en sert pour faire du feu
il faut que croire que les mots tiennent chaud
au coeur
puis au corps
puis au coeur
encore
/ / /
je buvais les paroles des prêtres
pour qu’ils me révèlent la vérité
j’attendais les conclusions des scientifiques
pour qu’ils me révèlent la vérité
j’écoutais la morale des professeurs
pour qu’ils me révèlent la vérité
je lisais les reportages des journalistes
pour connaître enfin la vérité
puis lassé des mensonges
je me suis écouté
petit service
dans la rue
j'ai demandé du feu
à une inconnue
elle m'a tendue
son briquet
quel malentendu !
toutes choses égales par ailleurs
dans ma tasse
la science infuse
et dans l’espace
elle se diffuse
entre les vipères
et les couleuvres
moi, je m’y perds
face à Son oeuvre
questionnaire
panier ou caddie ?
la montagne ou la mer ?
à pied ou en bus ?
avec elle ou bien sans ?
l’usine ou la mine ?
ciné ou dvd ?
fourchette ou cuillière ?
une douche ou un bain ?
frites ou potatoes ?
ordi ou télé ?
ici ou ailleurs ?
(réponses au dos du paquet)
l’après-guerre
comme les nations qui se sont massacrées pendant des siècles…
on reste amis ?
bras dessus, bras de saouls (la suite)
ils peuvent mettre leurs chaussures
car ils savent faire leurs lassés
tartines de déconfitures
crèmes de marrants glacés !
/ / /
je sais que tes grimaces
elles m’étaient destinées
dans mon corps de limace
le chagrin s’obstinait
le ciel annonce la couleur
de nos allers-retours
sous ses deux mille douleurs
nous prenons des détours
/ / /
je suis ailleurs
avant
après
sur le tableau de mes émois
ton nom n’est marqué qu’à la craie
comme un visage sur le sable
dessiné avec les doigts
dont le vent emporte les traces
dans le sillon de ses pas
/ / /
quand j’te prends dans la dégouline
le tout a comme un goût salé
ne m’en veux pas si j’le souligne
ce n’est pas toujours très frais….
un peu de tendre qui s’étale
une pause entre deux querelles
des discussions horizontales
et nos peaux qui s’roulent des pelles
une espagnole aux cheveux courts,
aux idées courtes, aux jambes courtes
mais aux dents longues comme mes doigts
qui m’rayent même à travers les draps
/ / /
j’ai mis trois ch’mises sous mes deux pulls
Maman me dit qu’ça d’vrait suffire
on est en plein hiver, dans la banlieue de Tulle
mais j’pense quand même avoir vu pire
avec deux pulls sur mes trois ch’mises
évidemment, vite, je transpire
je sais très bien que deux suffisent
mais je n’ose pas encore lui dire
quand ceux qui protègent étouffent
et que leur stress devient le nôtre
il faut reconnaître que l’on souffre
on voudrait être le fils d’une autre
/ / /
entre angoisse du futur
et nostalgie foetale
je conduis ma voiture
écoutant du métal
souvent, je fais cinq fois
le tour de ce rond-point
car je connais pas, moi...
je ne suis pas du coin
à gauche ou bien à droite
c’est du pareil au même
je finis toujours en boîte
terrassé par la flemme
souvent, je fais dix fois
le tour de ce rond-point
car tout se ressemble, quoi...
(enfin bon, plus ou moins)
à droite ou bien à gauche
au final, peu importe
car le spleen me fauche
et me cloue sur sa porte
si j’prenais ce rond-point
en sens inverse, pour voir
je n’irais pas plus loin...
point final de l’histoire
/ / /
le moins qu’on puisse dire
c’est plus qu’à l’accoutumée
ce s’rait se répéter de dire :
“on est tous foutus”, mais
c’est toujours bon à entendre
comme dirait ma mémé
(si tenté que les cendres,
ça pouvait nous parler)
le moins qu’on puisse dire
c’est bien plus qu’il n’info
tous voudraient nous servir
du fantasme ou du faux
alors que tout c’qu’on veut
c’est du vrai, du pur jus
ouais mec, et pas qu’un peu
que ça sorte du cul !
/ / /
les machoîres qu’on disloque
sans même sans souvenir
comme les chairs que l’on croque
dans la foulée d’un désir
les souvenirs que l’on tronque
sans pourtant le vouloir
on s’rappele du quelconque
la couleur d’un couloir
/ / /
il est bien trop dur d’écouter
ce que les autres ont à nous dire
nos dos peinent à se voûter
pour les comprendre, pour les lire
tous ces poètes, ces écrivains
aux propos denses, complexes, aigris
dont on digère rarement bien
la masse noire de leurs écrits
les oreilles se fatiguent vite
et les jambes s’impatientent
quand notre attention s’effrite
la vie est lente, lente, lente
/ / /
quand reviendras-tu planter
tes ongles dans mon dos
je me détruis ici sans tes
griffes posées sur ma peau
quand reviendras-tu planter
tes crocs dans mes épaules
je décrépis ici sans nos
feux, voeux et jeux de rôles
/ / /
je prends les quatrains de campagne
à travers l’pays des poésies
l’ivresse du voyage me gagne
j’explore des sons inédits
je reviens les valises pleines
de cadeaux pour les hommes
qui m’remercient à peine
en me jettant des pommes
/ / /
ton verbe est acerbe
mais ton tarin s’allonge
ton haleine sent la merde
quand tu dis des mensonges
il n’y a pas le feu au lac
mais y’a le feu au balcon
quand tu distribues les claques
sur les gueules des gros cons
un grand classique
quand la mort me prend dans ses bras
qu'elle me cause tout bas
je vois la vie en prose
du point ah au point bé
nos yeux font le grand écart
à l'heure des grands départs
et je perds mes moyens
de transport
mon budget est modeste
mais mes envies sont grandes
et je prends comme un test
toutes les mains qui se tendent
/ / /
Je vous enfile ci-dessous un collier de quatrains orphelins, hors-contexte, qui n’ont jamais pu être développés et articulés dans des « vrais » poèmes.
Plutôt que de les laisser cruellement se faire broyer dans une corbeille d’iMac, je me suis dit que je les mettrais sur cette vitrine virtuelle pour leur donner au moins la chance d’être vus.
les chaussures usées par les routes
l’âme malmenée par les gens
j’en retiens un enseignement :
il faut bien recevoir le doute
: : : :
ils parviendraient à jouir avec des anecdotes
et passent leurs soirées à les collectionner
dans le petit confort de leur médiocre grotte
ils recensent l’inutile dans des petits carnets
: : : :
je m’en vais feuilleter
le dico de la rue
pour traîner, écouter
écrire ce que j’ai vu
: : : :
l’imaginaire dans ton verre
bois-le jusqu’à plus soif
car lundi, mon pépère
faut retourner au taf
: : : :
des fantômes dansaient sur mes plaies
je n’prononçais que des consonnnes
personne n'avait appelé
j'avais rien demandé à personne
: : : :
on a beau savoir se défendre
avoir une grosse paire de burnes
un jour, on va racler nos cendres
et les déverser dans une urne
: : : :
je mesure mes imprudences
et je dose mon audace
j’invite pour une danse
la dernière des chaudassess
: : : :
dis, tu descends d’quel animal ?
attends, j’essaie de deviner
il doit y avoir de l’orignal
et puis beaucoup de chimpanzé
: : : :
nous incarnions la corrosion
nous étions les rois d’ la rustine
les traces du feu sur les cloisons
le bruit des balles sur les poitrines
: : : :
j’avortais mon pélérinage
pour la vingt huitième fois
vers la ville natale
où je vivais (je crois)
: : : :
je sentais l’air se rafraîchir
et laissais mes doigts se glacer
seul sur ce banc matelassé
je me regardais vieillir
: : : :
lorsque l’utilité et le beau se rejoignent
on voit les paresseux dépités qui s’éloignent
sans même demander quelconque remboursement
la queue entre les jambes, l’amour entre les dents
: : : :
les caresses, même, en carence
n’empêchent pas les brutes de souffrir
sans partenaire pour la danse
je préfère retourner dormir
: : : :
poète amateur
poète professionel
poète qui compte pas ses heures
poète qui compte pas sur elle
: : : :
si j’vous rejoins dans la douleur
ôtez mon nom de l’étendard !
je n’ai de frères et de soeurs
que lors du jour de mon départ
: : : :
quand tu frappes ton service
moi je rate ma récep’
j’attends que Gladys
m’invite pour un two-step
dans un bar d’altitude
je déchausse mon snow
j’attends que la solitude
m’invite pour un slow
: : : :
le langage en faillite
pour nous dire la beauté
seul la vie en profite
et remue le mauvais
: : : :
même si je vous épargne le chapitre offusqué
trop souvent, je m’adresse à des sourds et muets
l’ridicule ne tue pas, oui mais un peu quand même
je récolte la hargne que la société sème
: : : :
le quotidien est évident
il faudrait mieux s’en déssaisir
trouver l’intérêt dans le chiant
trouver le meilleur dans le pire
comme une blague qui ne fait pas rire
comme un manteau qui n’tient pas chaud
comme un parapluie qui prend l’eau
trouver le better dans le pire
: : : :
je r’garde couler la pluie
le long de tes muqueuses
je l’ai enfin compris :
tu mérites d’être heureuse
: : : :
qu’on fusille du regard
ou qu’on fusille du fusil
c’est pour tuer, point barre
écraser l’ennemi
: : : :
je ne pourrais expliquer pourquoi
ce qui est simple m’impressionne
mais après tout ce noir, ce froid
c’est le gentillesse qui m’étonne
: : : :
ce n’est ni le malt
ni le houblon ni l’orge
ce n’est que l’asphalte
qui me prend à la gorge
: : : :
le froid reprenait ses droits
sur ma nuque découverte
et tout en portant ma croix
j’enfonçais les portes ouvertes
: : : :
la nuit teste des trucs
et je suis son cobaye
quand elle brise ma nuque
quand ses lames m’entaillent
: : : :
combien revendiquent
la place de leader
et paraissent magnifiques
par-dessus leurs laideurs
: : : :
je te veux, toi, seule et totale
te choisis pour ma première fois
tu es le scoop de mon scandale
tu es le crime de ma loi
: : : :
veux-tu voir le dernier Klapish ?
paraît qu’il est pas trop cul-cul
ca m’f’rait plaisir, je suis pas riche
mais je t’invite, n’en parlons plus!
: : : :
poésie en porte à porte
poésie en écran à écran
faut avoir la passion forte
de la patience et du cran
: : : :
je n’fais plus confiance aux horloges
et je me donne l’heure tout seul
je la devine dans l’odeur de ma toge
dans la couleur de ma gueule
: : : :
j’suis à l’aise en quat’ quat’
je fais du tout-terrain
avec le rire d’un expat’
d’un voyageur serein
/ / /
Texte abandonné, pour l’introduction du recueil de poèmes « Jamais de La Vie » :
à force d’envoyer des manuscrits à droite à gauche, j’avais plus un rond et m’en trouvais fort désappointé. je positivais quand même : les rares réponses de rejet me furent bien utiles pour allumer le feu dans ma cheminée durant tout le mois de Novembre.
un soir de mélancolique aïgue, je me souvins m’être envoyé un exemplaire d’un de mes recueils de poésies à moi-même afin de constituer une preuve de droit d’auteur en cas de plagiat (suivant les conseils éclairés d’un voisin numismate). je remis la main dessus.
rongé par un suspense déchirant, je déchirais l’enveloppe dans un accès d’impatience.
immédiatement conquis, je décidé de le publier à mes frais, ravi d’avoir découvert un jeune auteur prometteur. l’horloge numérique du clocher digital venait de sonner minuit sur la place bétonnée du village, me faisant basculer dans un mardi plutôt glacial.
ainsi commença la merveilleuse aventure de l’autoédition de mes poésies. vos mains soutiennent actuellement le cinquième volume de cette épopée.