mardi 8 décembre 2009


comme si on y était



j’enfile mon casque en forme de crâne, j’attrape un serpent pour ceinturer mon jogging, fais un noeud à son cou et voilà, comme si on y était, dans un rêve d’écrivain, avec des cochons qui s’font la malle en tracteur et se font arrêter pour conduite en état d’ivresse : “je vous promets, je n’ai rien bu monsieur, puisque j’vous dis que c’est la liberté !”, et la seconde d’après, comme si on y était, dans un rêve d’instituteur, les barbes à papa sont des sticks de nuages et les cotons-tiges des bâtons de majorettes pour les nains, et d’un coup sans prévenir hop dans un rêve d’imprimeur, comme si on y était, les statues des parcs publics donnent de la voix en notre absence, les feuilles des chênes se cassent la gueule des branches et se posent sur nos langues et doigts de pieds comme un salarié pose ses congés, et sans crier garde, on s’y retrouve comme si on y était, dans le rêve d’un barman, où les candidats à la trésidentielle ne répondent que “bonne question” à ce qu’on leur demande et se curent le nez avec leurs stylos bic quand les caméras sont off.