mercredi 8 août 2012


Sous la pression des standards téléphoniques en surchauffe, je vous livre le premier chapitre de mon plus récent vidage de fonds de tiroirs, sobrement titré : "Femmes, je vous sème". Je continuerai ma vente de garage estivale  de poésie-garbage plus tard, inch'allah, alors gardez vos yeux pelés, chers amis-lecteurs affamés.


Femmes, je vous sème...


tu reviendras me voir quand je n’serai plus là
quand j’aurai vécu l’ombre de ton projecteur
nous n’aurons plus jamais mal, il ne fera plus froid
dans ce futur bien triste qu’on appele antérieur

je n'peux pas avancer, pris dans mon addiction
constamment à attendre que tu me rejoignes
tu rêvais d’une brute, oui, d’un pur homme à poigne
mais tu m’as, et je n’suis que l’inverse d’un champion

je n’peux rien décider sans tes précieux conseils
il faut que tu me rassures sans cesse sur mon talent
et si l’on n'fait pas l’amour, je n’ai jamais sommeil
moi qui aime tant me voir comme un indépendant...

aurais-tu pris l'relais de ma mère, dans un sens ?
endossant le costume de cette fonction terrible
qui oblige à l'attaque, pousse à la remontrance
qui ne voit chez un homme qu'un enfant perfectible

* * *

je dois te l'dire, hélas, madame,
même si tes yeux flattent mon âme 
vos bras de pince-monseigneur
me serrent trop fort contre ton coeur

vous qui étiez l’avant-première
vous me laissez un arrière-goût
de salive sauvage et primaire
je rêve de mon dur dans ton mou

va-donc rejoindre cet ennemi
dans les beaux bétons de paris
j'attends ici le bus de nuit
qui m’emmènera vers l’infini

la ville joue l'jeu de mes fantasmes
babylone brûle, on s’caille à sèvres
la misère y est un pléonasme
la bave me gèle sur les lèvres

* * *

ce froid sec me révèle le vrai coût d'la chaleur
pour t’avoir une nuit, j’y suis depuis dix jours
la solitude m’apprend la rareté de l’amour
pour t’coincer une minute, ça me prend vingt-quatre heures
* * *

vieux comme la nuit, je ne ressemble à rien
à rien d’autre qu’aux pluies, d’un été diluvien
jeune comme le jour, et la vie devant toi
tu choisis par amour, de dormir avec moi
je ne vois pas pourquoi, mais je n'vais pas m’en plaindre
moi qui porte une voix sur le point de s’éteindre
vieux comme la nuit, je ne ressemble à rien
à rien d’autre qu’aux pluies...cet été, dis, tu viens ?

* * *

dans les sables émouvants


je me dirige vers le début
des aventures de l’épiderme
j’apporte mon amour dans la rue
mais devant moi, les bouches se ferment !

j’en donne un peu aux étrangers
qui le prennent parce que c’est gratuit
je passe mon temps à te chercher
dans tous ces pays où tu fuis

je ne critique pas, je constate
que la tendresse ne fait plus vendre
les prosternés de la prostate
jouent aux brutes avec les tendres

et j’ai la langue un peu brûlée
des incendies de notre nuit
laisse-moi la tremper dans le lait
que tu réserves à tes amis
* * *
faire feu de toute femme
rien ne vaut la chaleur d'un intime incendie 
qui vient brûler les poils de ta peau de putain 
je dépends de la pluie pour me laver les mains 
et pour éteindre en moi le feu qui y jaillit 
et j'allume mes doigts maigres comme des brindilles
qui viennent brûler les poils de ta peau orangée 
ton assurance de femme et ton sourire de fille
ne cachent jamais très bien que tu crains le danger
et ca sent le roussi sur ta peau qui rougeoie 
barbe-rousse, moi aussi, j'en rougis de joie 
nous plongeons dans les flammes qui se dressent du lit 
sans même pousser un cri, en dernière énergie 
pour finir en fumée qui s'échappe du toit 
emportée en voyage par un vent d'autan froid 
prends garde à toi
chaque effort nous épuise
au matin madrilène
lolita gringo ruiz
carmina de burène
tu jouis en espagnol
je viens en majuscules
on sait faire les marioles
la jeunesse miracule !
et de larmes en sueurs
vite, on se liquéfie
dès les premières lueurs
la joie se vérifie

la blancheur de madrid
comme décor idéal
à l’aventure candide
des enfants en sandales
parce que nos sexes suintent
nos fesses collent au canap’
très tard, la nuit se pointe
signal d’une autre étape

il paraît qu’on trahit
tous nos premiers émois
il est loin le pays
où je n’aimais que toi
dos gardenias para ti
une impatiente pour moi
le bonheur est parti
et ne reviendra pas
guaca, hasta luego !
le fuego s’est éteint
il est mort, le fuego
étranglé de mes mains 

* * *


il n’y a plus que le chat qui grimpe aux rideaux
je ne sais plus comment te faire jouir
notre sexe est devenu une sorte d’aïkido
on n’arrive qu’à se faire souffrir
* * *

la peur du salaire

il y en a bien des robes que la brise soulève
quand la rue se prélasse et ressemble à un rêve
je n’y fais que passer, en passant dépassé
qui vient manger sa glace dans le jeu des miroirs
dans ma vie déviée, sur mon vélo cassé
j’écoute le silence qui m’raconte une histoire

mon corps suit la tendance des trajectoires folles
et quand faut de la danse, c’est mon corps qui s’y colle
puis je cherche des yeux une nouvelle partenaire
qui serait un peu mieux que la toute dernière

mon existence s’écrase sous l’enclume de l’écho
de l’écho du bitume qui résonne dans mes os
mes os qui se fatiguent à soutenir ma peau
ma peau qui se démange des caresses de quelqu’une
quelqu’une que j’attends toujours au mauvais endroit
mauvais endroit qui ressemble trop souvent à chez moi

* * *

tu chantonnais encore des cha la la

dans le choeur d'un groupe "has been"
t’étais ma miss france rien qu’à moi
j’étais dev'nu ton mister bean
nous on dansait le cha cha cha
et tu me disais oui, oui, oui
encore, plus fort oui, là là là !
je tends... prie prie prie !

* * *

comme le guerrier impatient

de connaître le goût du sang
je veux venir plonger mes doigts
dans la terre humide des bois

* * *

horizon de satan où le soleil s’éteint
océans de gazon où le soleil s’étend
je roule mon dos en bille par nostalgie foetale
et je me recroqueville où la lumière s’installe