samedi 19 mars 2011


En plein chantier de rénovation intérieure, délaissant peu à peu mes vieux oripeaux stylistiques de poésie rimée pour me concentrer sur la cuisine de nouvelles, de scénarios et de poésie anglophone, je brade des vieilleries à ma vente de garage, mon vide-grenier en ligne. Voici donc des quatrains de campagne et autres bafouilles qui prenaient la poussière dans un fichier informatique.


A votre bon coeur, chers lecteurs !


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le risque, je me l’épingle

sur mon t-shirt dégriff’

c’est ma fierté de dingue

mon étoile de shériff !


les matins faméliques ?

d’un revers de la main

je les chasse en musique

en chantant dans mon bain !


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je n’sais que traverser les mers

les métropoles, les continents

je me complais dans l’éphémère

je me révèle dans l’inconstant


pour encore conquérir l’amour

et pour mieux combattre l’ennui

c’est ce qui me fait suer le jour

et me fait transpirer la nuit


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quand je veux faire le compte

des plaisirs à venir

je repens dans la honte

mon désert de désirs !


un d’ces passants qui flanchent

quand la foule s’en prend à lui

qui se mouche dans sa manche

et se douche sous la pluie


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le jour où les cyniques s’ront à court de venin

pour humiler les gros et se moquer des nains

on pourra respirer, vivre à tête reposée

soulagés d’enfin n’être plus exposés


à ces clowns bien tristes aux sourires narquois

ravis de leurs vieilles et vicieuses remarques

j’aimerais tant pouvoir vider leur carquois

de tout ce qui fait bander leurs arcs


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je sors pas d’une grande école

de l’école bizarre ni normale

je sors du ventre de ma mère

et franchement, c’est déjà pas mal


pour une vie vécue en jogging

et en sandales à bon marché

sur la terrasse d’un burger king

dans la queue d’un intermarché


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je sais que tu aimais parler

de ta haine pour bob marley

et de cet homme-ptérodactyle

qui venait te voler des piles


je sais que tu aimais parler

le dos contre le sol carrelé

de la cuisine du magasin

pour dire du mal de ton voisin


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le banquier du secteur “romance”

refuse de r’nouveller mon crédit

je n’sais même pas ce que j’en pense

je sens mon coeur qui s’refroidit


je fume un peu comme al capone

pour faire gangster charismatique

et mes angoisses, je les harponne

comme on si c’était des moby dicks


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j’attends la marée basse

pour ramasser les branches

que l’océan relâche

dans son écume blanche


mais je n’trouve que des os

de baleines et d’humains

dégueulés par les eaux

d’océan assassin !


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j’entends le bruyant bip

d’un camion qui recule

pendant que ce sale type

conteste mes calculs


les factures sur la table...

je sue à grosses gouttes

et ce expert comptable

fait semblant qu’il m’écoute


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le succès attire l’attention

et les mouches coincées dans le miel

se noient en maudissant le nom

de leur idole artificielle


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le terroir mis dans un tiroir

on respecte plus les traditions

avec d’la poussière sur l’miroir

le reflet manque de précision


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Vous trouverez ci-dessous autres balivernes exhumées pour l'occasion de ce marché aux puces poétiqueux.



on a que c’qu’on mérite

je n’fais que ce que j’aime

à l’abri des guérites

de la prison bohême

parce qu’être un vagabond

ça fait toujours rêver

à ça, je réponds “ah bon”

et j’envoie mes cvs


: : :


quand je ne sais pas

que je ne sais plus

que j’ignore jusqu’au nom

de cette paire de culs

je donne ma langue aux chattes

qui n’en demandent pas moins

ces petites ingrates

qui me badaient de loin

vaut mieux tirer des lattes

de sommier que de joints !



âpêrô dînâtôîre

(voila une bonne chose de fête)



- les cure-dents sont dans les saucisses -

je hais chacun de ces convives

je veux jeter mon kir-cassis

à la figure de pierre-yves...

laisser éclater mon caprice

sans lui laisser une chance d’esquive

que son visage se salisse

de taches qui partent pas en lessive

allez, je compte jusqu’à dix

attends un peu, tête d’endive...

- les cure-dents sont dans les saucisses -


- les chips sont dans l’guacamole -

un, deux...”je viens d’une grande école”

il ne faut surtout pas qu’il bouge

trois, quatre, cinq...j’vise son nez rouge

six, sept, huit, neuf...voilà mon alcool qui décolle

dix ! tiens, ç’lui là, tu l’as pas volé !

- les chips sont dans l’guacamolé -



au-d’là du périphérique



je cherche un banc sec pour pouvoir faire la sieste

sans cons d’accoudoirs qui empêchent de s’allonger

l’idée de travailler m’est encore indigeste

j’ai donc prolongé pour l’instant mes congés


je laisse un bon pourboire au hasard très serviable

qui verse souvent d’la chance dans mon coca-citron

ses conseils ne sont certes pas cent pour cent fiables

mais j’préfère mille fois son aide à celle d’un patron


à arpenter le bitume sans se soucier du bout

il paraîtrait que les rues deviennent des routes

c’est pas grave, je continue, moi j’m’en fous

du moment que là-bas, ya d’quoi casser la croûte


s’il le faut, quelquefois, j’asperge mes aisselles

dans le toilette branlant d’un vieux train de banlieue

où j’en profite aussi pour faire ma p’tite vaisselle

ça fait bien mon affaire, à défaut d’un peu mieux


à force de marcher sans une destination

il paraît qu’les trottoirs se transforment en fossés

même que des champs remplacent les tours d’habitations

et que dans cette campagne, tout voeu est exaucé


après tout, pourquoi pas, allons-y peu importe

du moment que là-bas, on peut casser la dalle

et qu’on me laisse venir frapper sur des portes

pour demander asile dans une énième escale


si l’on va tout droit, au-d’là du périphérique

il paraît que la ville se disperse en villages

un peu plus loin, il y aurait même la fameuse amérique

allons-y alors, tant qu’l’amour est du voyage !



vierge ascendant vierge descendant vierge de la constellation vierge des planètes vierges.

(en astrologie chinoise : mon signe c’est le chien.)



je joue tout seul au rummikub

car des gonzesses, j’en ai pas vraiment

pourtant, j’ai le parfum de la pub

qui les attire comme des aimants


alors l’orgasme simultané

ce sera pas pour cette année

ni celle d’après, à tous les coups

j’ai pris l’habitude d’être mou


il paraît qu’il faut que je les chasse

et mes amis m’donnent des leçons

pour une drague classe et efficace :

pas faire dépasser mon caleçon

et me r’coiffer devant la glace


faudrait qu’je danse comme robocop

sur les dancefloors pour les faire rire

mais bon, d’après mon horoscope :

“après l’effort, je dois dormir”

de toute façon, les stroboscopes

des boîtes de nuit me font vomir


il paraît qu’il faut que j’les traque

que ma recherche soit intensive

mais dès que je me sens d’attaque

elles sont toutes sur la défensive

à coups de grimaces ou de claques

qui font bien enfler mes gencives


alors l’orgasme simultané

ce sera pas pour cette année

ni celle d’après, restons sérieux

j’ai serai vierge quand j’serai vieux


et mes copains se foutent de moi

font vraiment tout pour m’isoler

jusqu’au bouquin de karma sutra

qu’ils m’ont offert, pour rigoler

mais on verra bien qui s’foutra

de la gueule de l’autre en dernier



la mort aux trousses



ô étudiants interchangeables

gravant des blagues sur les tables

effacées par des intérimaires

qui font ce qu’on leur dit de faire


ô étudiants interchangeables

qui passent l’aprèm à la b.u.

pour montrer qu’ils en sont capables

cet espoir, moi aussi j’l’ai eu


ô étudiants interchangeables

qui s’en fument une entre deux cours

pour avoir l’air moins misérables

ils parlent de cul mais rêvent d’amour


ô étudiants interchangeables

qui s’invitent à leurs petites fêtes

et en compagnie agréable

partagent un flan à la cafèt’


ô étudiants interchangeables

qui, dociles, font la queue au crous

avec du doute dans leurs cartables

et la règle de la mort aux trousses


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tiens, quand on parle

du loup

de mer

regardez ce cher

monsieur charles

baudelaire, irrité d’avoir raté sa correspondance

il s’assied sur un banc, sort un stylo et pense

“ah si j’avais su, j’aurais pris un vol direct.. attendre, encore, que c’est infect !”